Shirley de Charlotte Brontë

Shirley

Dans ce roman Charlotte Brontë étude avant tout les caractères des personnages à commencer par Caroline Helstone nièce de pasteur sans fortune, d’une beauté classique et d’un caractère réservé. Caroline fait la connaissance de Shirley Keeldar une héritière au caractère bien trempé et aux convictions fortes (elle est paraît-il inspiré de la personnalité d’Emily Brontë). Charlotte Brontë n’hésite pas à employer des mots français afin d’atteindre la juste définition de ce qu’elle veut dire avec par exemple le mot « bonté ». Cette étude psychologique très minutieuse peut paraître un peu longue mais je l’ai pour ma part beaucoup apprécié. Elle étude les différents états dans lesquels se trouvent les jeunes femmes notamment leurs périodes de dépression comme cela était déjà le cas dans Villette de la même auteure. J’ai noté une forte présence du thème de la maladie qu’elle soit physique ou morale (ce qui n’est pas très étonnant si on tient compte de l’histoire des Brontë). 

L’étude voire la critique sociale n’est pas en reste, elle est ancrée dans le contexte des années 1811-1812. Les transformations industrielles ont des conséquences sur les personnages du roman. En effet, Robert Moore propriétaire de manufactures fait face à la révolte des ouvriers. Les « réformes » dans le sens d’améliorations religieuses des pasteurs ainsi que la situation des précepteurs sont également évoqués.

Il s’agit donc d’un roman intéressant dans lequel j’ai retrouvé le style de Charlotte Brontë ainsi que ses thèmes favoris (étude psychologique, position sociale, mariage, argent…) avec l’ajout d’un contexte économique et industriel très précis. J’ai moins aimé que Jane Eyre et Villette mais c’est tout de même un classique à lire!

Kheira

Lu dans le cadre du challenge XIXe siècle

challenge XIX

Villette de Charlotte Brontë

Villette

Villette de Charlotte Brontë paru en 1853

La traduction est de Gaston Baccara.

Il s’agit de l’histoire de Lucy Snowe ( qui est aussi la narratrice). C’est une jeune anglaise au passé mystérieux qui se trouve rapidement dans l’obligation de gagner sa vie. Après un séjour chez sa marraine puis une expérience auprès d’une vieille dame malade elle devient professeur à Villette dans un royaume imaginaire de Labassecour qui représente Bruxelles et la Belgique où Charlotte Brontë a été élève puis professeur.

J’ai globalement apprécié la lecture de ce roman même elle requière une certaine détermination. En effet, ce long roman démarre très doucement, les 150 premières pages sont assez peu intéressantes et comportent de nombreux détails triviaux, certains titres de chapitres peuvent même faire sourire par exemple le chapitre XIII « Un éternuement inopportun ». Cependant, l’intrigue devient progressivement plus intéressante avec deux personnages masculins très différents le Dr. John et le professeur M. Paul Emmanuel. Certains éléments de l’intrigue m’ont  cependant parus trop  artificiels Attention spoilers (le fait que Graham  Bretton soit le Dr. John, les retrouvailles avec Paulina ou encore l’explication des apparitions de la nonne font trop Deus ex machina).

L’intérêt du roman réside surtout dans certains thèmes abordés que je vais évoquer en utilisant celui de la solitude comme fil rouge.

Un regard critique sur la société « continentale »

La solitude qui permet à l’héroïne d’avoir un regard étranger et intéressant sur la société décrite dans le roman, elle rappelle dans une certaine mesure Fanny Price dans Mansfield Park. La vie bourgeoise assez économe de ces « continentaux » est décrite à travers leurs loisirs ou encore l’éducation dispensée à leurs enfants. L’éducation des jeunes filles est très superficielle, les élèves sont très peu intéressées et ont un comportement qui représente bien l’adolescence fait de réactions assez imprévisibles, de nombreuses crises de larmes…etc. L’exemple le plus frappant et comique est celui du personnage de Ginevra digne d’une Lydia Bennett dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen.

En outre, l’opposition de la religion catholique et la religion protestante est un thème important du roman. Avec recul et ironie Charlotte Brontë montrent les préjugés des uns et des autres surtout à travers Lucy et le professeur Paul Emmanuel! J’ai beaucoup lu que l’on attribuait à Charlotte Brontë la même opinion que la narratrice sur le catholicisme, pour ma part je pense qu’il est important de ne pas confondre entièrement l’auteur et la narratrice.

Un portrait psychologique très riche

La solitude est également présentée comme une souffrante psychologique parfois comparée à la mort! Lucy Snowe semble déjà souffrir d’un comportement dépressif aggravée par la solitude lorsqu’en en septembre tous les membres de l’école sont partent en vacances.

« Combien longues étaient ces journées de septembre! Que cet énorme bâtiment sans vie était donc vaste et désert! Tout paraissait sinistre au milieu du profond silence, même le beau jardin abandonné et que couvrait à présent la poussière grise d’une ville dont l’été avait chassé les habitants. Au début de ces huit semaines qui allaient me paraître interminables, je me demandais comment je ferais pour en voir la fin. Mon moral était de plus en plus mauvais ces derniers temps, et maintenant que je n’avais  plus mon travail pour me distraire, il ne me restait rien pour m’obliger, il ne me restait rien qui m’obligeait à réagir. »

Cependant, malgré cette dépression, la maîtrise d’elle-même et de ses sentiments est très forte chez la narratrice.

C’est donc une belle lecture  riche en description des sentiments de Lucy Snowe qui évoluent de façon très intéressante! Il manque tout de même une certaine unité à l’intrigue pour en faire un vrai coup de coeur. J’espère lire bientôt Le professeur et vous en faire la critique.

Kheira