L’affaire Jane Eyre de Jasper Fford

Affaire Jane Eyre

Résumé: Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu’une brigade spéciale a dû être créée pour s’occuper d’affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l’origine des plus folles inventions, on a parfois envie d’un peu plus d’aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l’héroïne du livre fétiche de Thursday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d’une fin certaine…

J’ai été intriguée par ce livre qui brouille les pistes et mélanges les genres (uchronie, enquête policière…etc). Le bilan est finalement mitigé.

J’ai aimé l’idée  de cet univers où les manuscrit et la paternité des livres est un sujet au coeur des préoccupations. C’est loin d’être le cas dans notre société actuelle! J’ai adoré les rencontres entre l’héroïne Thursday Next et les personnages du roman Jane Eyre de Charlotte Brontë. Edward Fairfax Rochester y charmant à souhait. Mais l’ouvrage accorde également de l’importance aux oeuvres de Charles Dickens et surtout de William Shakespeare.

Je ne me suis par contre pas trop attaché à l’héroïne bien que l’histoire soit racontée à la première personne. Je n’ai pas ressenti de coup de coeur pour l’histoire, j’ai eu du mal à cerner et apprécier l’humour du roman. J’avais emprunté la suite Délivrez-moi mais je ne l’ai finalement pas lu car je n’ai pas ressenti de réelle envie d’en découvrir plus sur l’héroïne.

C’est donc un roman que je conseille à ceux qui ont envie de découvrir quelque chose de très originale!

Kheira

Villette de Charlotte Brontë

Villette

Villette de Charlotte Brontë paru en 1853

La traduction est de Gaston Baccara.

Il s’agit de l’histoire de Lucy Snowe ( qui est aussi la narratrice). C’est une jeune anglaise au passé mystérieux qui se trouve rapidement dans l’obligation de gagner sa vie. Après un séjour chez sa marraine puis une expérience auprès d’une vieille dame malade elle devient professeur à Villette dans un royaume imaginaire de Labassecour qui représente Bruxelles et la Belgique où Charlotte Brontë a été élève puis professeur.

J’ai globalement apprécié la lecture de ce roman même elle requière une certaine détermination. En effet, ce long roman démarre très doucement, les 150 premières pages sont assez peu intéressantes et comportent de nombreux détails triviaux, certains titres de chapitres peuvent même faire sourire par exemple le chapitre XIII « Un éternuement inopportun ». Cependant, l’intrigue devient progressivement plus intéressante avec deux personnages masculins très différents le Dr. John et le professeur M. Paul Emmanuel. Certains éléments de l’intrigue m’ont  cependant parus trop  artificiels Attention spoilers (le fait que Graham  Bretton soit le Dr. John, les retrouvailles avec Paulina ou encore l’explication des apparitions de la nonne font trop Deus ex machina).

L’intérêt du roman réside surtout dans certains thèmes abordés que je vais évoquer en utilisant celui de la solitude comme fil rouge.

Un regard critique sur la société « continentale »

La solitude qui permet à l’héroïne d’avoir un regard étranger et intéressant sur la société décrite dans le roman, elle rappelle dans une certaine mesure Fanny Price dans Mansfield Park. La vie bourgeoise assez économe de ces « continentaux » est décrite à travers leurs loisirs ou encore l’éducation dispensée à leurs enfants. L’éducation des jeunes filles est très superficielle, les élèves sont très peu intéressées et ont un comportement qui représente bien l’adolescence fait de réactions assez imprévisibles, de nombreuses crises de larmes…etc. L’exemple le plus frappant et comique est celui du personnage de Ginevra digne d’une Lydia Bennett dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen.

En outre, l’opposition de la religion catholique et la religion protestante est un thème important du roman. Avec recul et ironie Charlotte Brontë montrent les préjugés des uns et des autres surtout à travers Lucy et le professeur Paul Emmanuel! J’ai beaucoup lu que l’on attribuait à Charlotte Brontë la même opinion que la narratrice sur le catholicisme, pour ma part je pense qu’il est important de ne pas confondre entièrement l’auteur et la narratrice.

Un portrait psychologique très riche

La solitude est également présentée comme une souffrante psychologique parfois comparée à la mort! Lucy Snowe semble déjà souffrir d’un comportement dépressif aggravée par la solitude lorsqu’en en septembre tous les membres de l’école sont partent en vacances.

« Combien longues étaient ces journées de septembre! Que cet énorme bâtiment sans vie était donc vaste et désert! Tout paraissait sinistre au milieu du profond silence, même le beau jardin abandonné et que couvrait à présent la poussière grise d’une ville dont l’été avait chassé les habitants. Au début de ces huit semaines qui allaient me paraître interminables, je me demandais comment je ferais pour en voir la fin. Mon moral était de plus en plus mauvais ces derniers temps, et maintenant que je n’avais  plus mon travail pour me distraire, il ne me restait rien pour m’obliger, il ne me restait rien qui m’obligeait à réagir. »

Cependant, malgré cette dépression, la maîtrise d’elle-même et de ses sentiments est très forte chez la narratrice.

C’est donc une belle lecture  riche en description des sentiments de Lucy Snowe qui évoluent de façon très intéressante! Il manque tout de même une certaine unité à l’intrigue pour en faire un vrai coup de coeur. J’espère lire bientôt Le professeur et vous en faire la critique.

Kheira

Quand j’étais Jane Eyre de Sheila Kohler

Quand j'étais Jane Eyre de Sheila Kohler (2012 en France)

Quand j’étais Jane Eyre de Sheila Kohler (2012 en France)

Nous vous avons déjà parlé des soeurs Brontë auparavant dans notre blog que ce soit de leurs oeuvres Jane Eyre, Agnès Grey ou encore La dame du manoir de Wildfeld Hall ou des réécritures quelles ont pu inspirer Les hauts de Hurlevent . Le fait que je m’intéresse à ce livre n’est donc pas vraiment étonnant! La vie de la famille des Brontë est plutôt bien connue (les trois soeurs écrivaines, le séjour à Bruxelles d’Emily et Charlotte durant lequel Charlotte tombe amoureuse d’un professeur, l’alcoolisme de leur frère Branwell, enfin les maladies et la mort qui s’acharne sur eux). Ces évènements ont beaucoup nourri leurs écrits. Mais leur vie peut paraître  assez monotone voire ennuyeuse à raconter. C’est assez clair dans le film  Le soeurs Brontë d’André Téchiné sorti en 1979, porté par de talentueuses actrices il montre leurs déceptions, les hésitations des éditeurs, l’ennui de leur vie quotidienne…

Les soeurs Brontë d'André Téchine 1979

Les soeurs Brontë d’André Téchine 1979

Le roman présente très habilement tous les faits qui dans la vie de Charlotte ont pu lui inspiré des personnages, des noms, des évènements du roman Jane Eyre. J’aurais apprécié qu’elle développe davantage tout ce que le personnage de Rochester peut représenter pour Charlotte et pour les lectrices! Les plongées dans son enfance et notamment sa complicité avec son frère dans la réalisation de leurs mondes imaginaires m’a particulièrement intéressé.

Cependant j’ai trouvé quelques facilités. Lorsqu’elle décrit l’expérience de Charlotte en tant que gouvernante elle fait un quasi copier/coller de certains passages d’Agnès Grey d’Anne Brontë, j’aurais aimé un peu plus d’imagination de la part de Sheila Kohler! Autre reproche: elle évoque malheureusement trop rapidement les éléments qui ont pu inspiré ses soeurs pour leurs propres romans.

L’intimité des soeurs qui n’est pas sans nuage, leur possible jalousie et leurs relations avec les éditeurs sont très intéressantes et bien développées. La part de bonheur que connait Charlotte vers la fin de sa vie est bien décrite et permet de nuancer l’image assez tragique associée au destin de cette famille. J’ai apprécié que Sheila Kohler ne tombe pas dans le pathos lorsqu’elle évoque la période située après les décès d’Emily et Anne.

Ce fut donc une lecture rapide et plutôt agréable, qui donne une vision assez équilibrée de leurs vies d’écrivaines mais qui n’apporte rien de révolutionnaire non plus. Le style n’est pas extraordinaire non plus.

Kheira

Pour mieux nous connaître: les livres que nous adorons

La sélection de Keira:

Anna Karénine Léon Tolstoï (1877)

Jane Eyre Charlotte Brontë (1847)

Orgueil et préjugés  Jane Austen (1813)

Les liaisons dangereuses   Choderlos de Laclos (1792)

La promesse  l’aube  Romain Gary (1960)

Le guépard Giuseppe Tomasi Di Lampedusa (1958)

 

 

Le lys dans la vallée Honoré de Balzac (1836)

La faute de l’abbé Mouret Emile Zola (1875)

L’étranger Albert Camus (1942)

Maintenant c’est ma vie Meg Rosoff (2005)

Pour mieux nous connaître : les livres que nous adorons

La sélection de Fanny :

165e anniversaire de la publication du roman Jane Eyre de Charlotte Brontë

Charlotte Brontë de George Richmond, 1850

Publié le 16 octobre 1847 sous le pseudonyme masculin de Currer Bell, Jane Eyre est un classique de la littérature anglaise d’inspiration gothique. Charlotte Brontë (1816 – 1855) nous narre la vie d’une gouvernante à l’ère victorienne avec comme toile de fond une bonne dose de suspens et de mystère. Charlotte avait alors 31 ans et possédait un goût très développé pour l’écriture. Ce manuscrit qui s’appelle Young Men’s Magazine, Number 2 et écrit à seulement 14 ans en est la preuve évidente :

Manuscrit de Charlotte Brontë acquis par le Musée des lettres et manuscrits de Paris, 1830

A l’heure où les femmes n’étaient pas autorisées à penser par elles-même, Charlotte Brontë possède une indépendance et une certaine liberté en publiant ses écrits. Il ne serait surement pas correct de parler de féminisme mais elle fait preuve, tout comme Jane Austen, d’ironie quant au sort et aux préoccupations des femmes de cette époque.

Fanny