Un été à Cold Spring de Richard Yates

Résumé de l’éditeur : Long Island, fin des années 1930. Fils d’un officier en retraite et d’une mère neurasthénique, le très séduisant Evan Shepard n’a pas dix-huit ans quand il épouse Mary, une lycéenne « provocante », tombée enceinte peu après leur première sortie au cinéma. S’il se révèle un mécanicien prometteur, il est parfaitement dénué d’ambition tandis que Mary, elle, prépare son entrée à l’université dès la naissance de leur fille : elle veut devenir un « être à part entière ». Rapidement, c’est l’échec du couple, puis le divorce. Quelques années plus tard, une seconde chance s’offre à Evan en la personne de Rachel Drake. Étonnamment douce, vertueuse et effacée, parfaite antithèse de Mary, elle est la fille de Gloria, une hystérique en mal d’amour et la sœur de Phil, un adolescent brillant, chétif et complexé.

Dans son roman, Richard Yates (1926-1992) s’attarde sur ses personnages. Il développe leur caractère, et l’incidence de leur passé sur ce qu’ils vivent lors de cet été de 1942. Ils ont des comportements et des caractères stéréotypés. L’attachement aux personnages ne se fait pas par leur sympathie mais par la découverte de leur vice, de leur défaut, de leur déconvenue. Parfois, l’auteur nous dévoile quelques révélations sur eux et notamment sur la mère d’Evan. Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les regrets que transportent les personnages ainsi que les actes manqués et leur enferment dans un certain cadre qui les emportent dans la haine et la frustration. Chaque personnage est mis en avant au fil du roman. Nous connaissons leur façon de voir les choses. On oscille entre joie puis assez vite désenchantement comme s’ils s’embourbaient dans des situations qu’ils n’ont pas souhaité.

L’auteur déroule sous nos yeux la fresque pessimiste d’une Amérique des années 30 puis 40 en pleine rupture entre conservatisme et modernité. Le traitement de cette époque est particulier car l’auteur l’a vécu lors de son enfance et rédige ce roman en 1986 avec un grand recul. La seconde guerre mondiale qui fait rage nous est souvent rappelée et inscrit encore plus le récit dans un désenchantement omniprésent. L’ambiance du roman est parfois pesante et tendue. Ceci place régulièrement le lecteur à la place des personnages qui veulent à tout prix fuir leur vie.

Ce livre est agréable et rapide à lire. Richard Yates use d’une écriture acérée et sans appel. Dommage qu’il n’y ait pas une vraie fin. Je m’attendais vraiment à un final comme La fenêtre panoramique (je n’ai vu que le film connu sous le nom Les noces rebelles…) par exemple. Nous laissons les personnages là au bord de la route sans évolution. Il faut savoir que c’est un roman qui n’est pas basé sur la rechercher d’action ou de rebondissement mais bien sur une peinture d’une famille modeste de l’Amérique des années 40. Cependant l’auteur sait très bien nous embarqué dans cette époque, cette atmosphère particulière.

Voilà un petit livre en apparence mais grand par le sens et ses personnages. Un été à Cold Spring me donne envie de découvrir d’autres romans de l’auteur.

Merci aux éditions Robert Laffont – Pavillons Poche, à Christelle ainsi qu’à Cécile pour l’envoi de ce livre.

 

Fanny

11 réflexions sur “Un été à Cold Spring de Richard Yates

  1. Je ne connais pas du tout cet auteur, mais entre toi et Plaisirs à cultiver qui en dit aussi beaucoup de bien, je crois qu’il faudrait que j’essaie ! À la lecture de ton avis, j’ai quand même un peu peur d’avoir un roman très déprimant au fond, est-ce le cas ?

    • Richard Yates montre vraiment une autre image de la middle class des États-Unis loin d’être édulcoré. Je ne dirais pas que c’est un roman déprimant mais il ne faut pas s’attendre de l’optimisme.

  2. Je suis tellement contente de lire ton billet ! J’espère aussi que tu liras d’autres romans de Richard Yates, je ne peux que te conseiller chaudement la lecture de « La fenêtre panoramique » qui reste mon préféré à ce jour.

  3. Pingback: Un été à Cold Spring de Richard Yates | Les lectures d'Asphodèle, et les humeurs…

  4. Je viens de le finir ce matin et j’ai beaucoup aimé aussi. C’est vrai que la fin est ouverte, mais Evan, durant tout le roman ne fait guère preuve de courage, donc rien ne dit qu’il sera courageux dans l’avenir et Rachel se semble pas non plus évoluer à la fin du roman. C’est bien triste.

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